Poèmes du miouf

Chopin souffrait d'un mal qui le plongeait dans de grandes mélancolies, puis par moments, redevenait lucide et dans une forme de fulgurance créative, composait pendant des jours entiers. Loin de me comparer à un tel homme, je suis atteint de la même maladie, qui me ronge depuis des années, maladie qui m'empêche d'être un homme ordinaire. Ces phases de vie, je les connais très bien, quand mes angoisses me submergent, je me noie dans une mélancolie autodestructrice ou la dépréciation intérieure que je tente de dissimuler sous des aspects joviaux, fait de moi un être sauvage, puis vient la phase de lumière intense et je retrouve cette fulgurance intellectuelle qui me fait apprendre et comprendre bien plus rapidement que la plupart des gens et entreprendre bien des projets de cinglé.

J'ai été très amoureux d'une femme, je l'aimais bien au delà de la raison, d'un amour passionnel, destructeur, aveuglant. Nous étions jeunes, jamais à l'époque je n'avais osé parler à une aussi belle fille, ses yeux clairs me fascinaient, son corps me fascinait. J'aimais sa douceur, chacun de ses gestes délicats. J'en étais fou.

Je l'ai quittée alors que je l'aimais encore, dans une de mes phases d'autodestruction. Elle a été témoin malheureux de mes changements d'humeur. Je sentais intérieurement qu'il m'était incapable de la rendre heureuse.

Dernièrement un de mes meilleurs amis est passé chez moi, il m'a parlé qu'il avait croisé des amies de l'université. Il m'a montré une photo. Sur cette photo, le café était assez lumineux, semblait luxueux. On voyait trois femmes que je connaissais. Elles n'avaient pas beaucoup changé. Celle du milieu était mon amour de jeunesse. Comme le passé peut vous faire mal, par moments, j'ai essayé de cacher mon trouble à mon ami, je n'ai pas pu. Elle n'avait rien perdu de sa beauté. En un instant tout m'est revenu, comme des griffes qui ensanglantaient ma mémoire, son sourire, sa voix, la finesse de son corps que je caressais, son charme, ses yeux pétillants lorsqu'elle riait, lorsque je la taquinais. Cela m'a rappelé, au combien dans ma vie d'homme, je peux être lâche... Et quelle peur j'ai parfois d'aimer ou d'être aimé !

En vieillissant mon mal s'atténue, je vois plus facilement lorsque les crises surviennent, Mais souvent dans ma vie je m'éloigne des femmes que je trouve trop belles, par peur d'être incapable de faire cohabiter, ma dépréciation personnelle souvent morbide à la lumière émanant de cette beauté.

J'étais ce soir à une sortie organisée par un de mes bons amis, j'étais bien entouré, par des amies sincères, drôles et intelligentes, malgré quelques mots d'esprit au début de la soirée, je n'arrivais pas à trouver mon équilibre, je me sentais triste.

J'ai fait un piètre interprétation musicale qui n'a pas rencontré le succès prévu, je chantais faux, mal, tout était bâclé. à mes cours de rock un peu avant, il y avait plus d'hommes que de femmes, le prof a demandé aux femmes de choisir un partenaire, je me suis retrouvé spontanément seul, il y avait peut-être chez moi quelque-chose qui véhiculait un stress ambiant, qui n'étant pas visible pour moi, l'était pour les autres.

En revenant sur la soirée, j'avais le coeur qui me faisait mal, je pense que je subis depuis quelque-temps, le contrecoup du manque. Je n'ai pas terminé mon deuil amoureux, et je me mets à repenser à elle, cela me rend triste.

Je n'ai pas trouvé la force d'affronter son regard, je devais la revoir le lendemain, à une sortie commune, je vais rester chez moi, je n'ai pas envie d'être affecté par ce que je ressens.

Cela fait presque 1 an que je n'écris plus sur ce blog, il est temps que je dépose un article.

Je suis un homme plutôt chanceux en amitié, ma santé n'est pas trop mauvaise même si par moments, elle me joue des tours, je suis indépendant financièrement, et un homme animé par une passion dévorante pour les arts, la culture, le chant, mais aussi le sport (randonnées)

On pourrait me qualifier d'homme heureux si un seul bémol ne ternissait pas ce beau paysage.

Comme je suis un homme de nature positive, je ne voudrais pas m'enfermer dans d'absolues négations, de me dire qu'il n'y a plus rien à faire, que ce domaine m'est profondément étranger et que je n'y comprendrai rien de toute façon !

Etant de nature positive dans la majeure partie des choses que j'entreprends, l'amour me semble encore incompréhensible à mon âge, je donne, je reçois, j'échange, je partage, je fais rire et je pense être capable d'émouvoir, on me trouve du charme, on m'accueille avec le sourire, mais les relations sentimentales restent courtes, soit on se lasse de moi, soit je me lasse, dans les deux cas, je ressens comme un échec cette partie difficile de ma vie. Je pense n'avoir jamais compris les femmes. Bien des hommes ne se posent pas autant de questions et vivent une sorte d'indépendance qui les rendent égoïstes et réussissent à conserver l'être aimé, devrais je me comporter comme cela ? Je ne sais pas, il faut croire que les connards dans ce monde, ont bien plus de succès que les hommes sensibles...

Je m’aperçois qu'à 47 ans, j'ai encore cette peur de l'abandon rivée en moi, cela altère par moments, ma joie de vivre ! J'ai par moments des absences, plongées dans des rêveries angoissantes. J'aimerais être insensible, que vivre de courtes relations ne m'affecte pas autant, que je puisse me dire "c'est pas grave" oublier, passer à autre chose, mais je suis affecté par ce que je ressens ...

J'ai longtemps pensé être amoureux des femmes qui partageaient ma vie, je vivais en leur compagnie, mais je souffrais souvent d'une forme d'inadaptation, je me sentais différent, je n'avais pas la possibilité de m'ouvrir complètement aux sentiments, de ne pas me sentir jugé, j'étais souvent en rivalité, en conflit sans comprendre qu'il existe une autre façon d'aimer.

J'ai souvent été blessé par les femmes qui ont traversé ma vie, je n'arrivais pas à me montrer sincère.

Et puis je l'ai rencontrée, j'ai pu alors montrer mes vrais sentiments,  n'avoir plus aucun autre but que de lui faire plaisir. De me nourrir de son rire et de son sourire, d'acquérir une forme de simplicité dans les ressentis amoureux, de ne plus être l'intellectuel que je suis d'habitude, pour réveiller en moi le sentimental, le tendre et le généreux, pour réveiller en moi tout un monde de sensations endormi depuis tant d'années.

Je suis amoureux, et je crois bien ne pas l'avoir été souvent, peut-être deux ou trois fois dans ma vie.

Merci bébé de me faire vivre dans ton rêve, j'aime l'homme que je deviens en ta présence.

Parfois, une émotion vous submerge et vous perdez la maitrise de vous-même, cette émotion vous rappelle oh combien vous êtes fragile et oh combien vous n'avez pas confiance en vous. J'ai fait ce que mon coeur lâche répète indéfiniment, j'ai fui la situation, reprenant le contrôle de moi même au prix d'une grande mélancolie.

Je ne crois pas en moi et en mes chances, c'est là un des grands drames de ma vie ...